Coups de cœur - Musique ancienne

Purcell, Didon et Énée Le 16 novembre, La Seine Musicale

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On ne se lasse pas d’entendre encore et encore la beauté du chef-d’œuvre de l’ « Orpheus Britannicus » : en moins d’une heure, ce joyau condense tous les ressorts esthétiques de l’opéra, avec une fin qui tire immanquablement des larmes au public.

Henry Purcell (1659-1695) disparut à l’âge de 36 ans, trop tôt pour réaliser les grands accomplissements que son génie laissait présager. Il eut néanmoins le temps de marquer de son empreinte l’histoire de la musique anglaise, laissant notamment ce Dido and Æneas (1689) qui, s’il n’est pas le premier opéra dans la langue d’Albion (cet honneur revient à Venus and Adonis de John Blow, le mentor de Purcell), s’impose comme un « objet parfait ». Autour de la Reine de Carthage, sans doute l’une des grandes figures tragiques de la musique, et du traître Énée, Purcell condense en une quarantaine de minutes une véritable fresque shakespearienne, avec une galerie de personnages hauts en couleurs (en premier lieu, The Sorceress et tout sa démesure maléfique). La subtilité mélodique générale, le raffinement harmonique de l’orchestre à cordes et la souplesse du chœur, tout contribue à faire de ce mini-opéra un monument hors du temps : la mort de la reine, ses douloureuses exclamations (« Remember me but forget my fate ») et le commentaire endeuillé du chœur final justifient à eux seuls la place spéciale qu’il occupe dans le répertoire.
Il revient à Adèle Charvet de déployer sa proverbiale théâtralité pour se mesurer à ce rôle immense. La mezzo-soprano française est à son meilleur dans les personnages maudits par le destin et gageons qu’avec l’aide de Vincent Dumestre et de son Poème Harmonique, qui connaissent si bien cette partition, elle bouleversera la Seine Musicale.

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