Coups de cœur - XXe siècle

Rachmaninov, Les Cloches le 18 décembre, Théâtre des Champs-Élysées

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Les Cloches comptaient parmi les partitions favorites de Rachmaninov, vaste poème symphonique qui valut au compositeur l’un de ses succès les plus retentissants. Légitimement, ce chef-d’œuvre occupe une place de choix dans nos salles de concert.

Le nom de Sergueï Rachmaninov est indéfectiblement liée à sa production pour piano : quoi de plus naturel, s’agissant de l’un des derniers grands pianistes-compositeurs du XXe siècle. Mais lui-même affirma, selon les témoignages, que ses deux partitions préférées étaient bien Les Cloches op. 35 (1913) dont il est question ici, et ses Vêpres op. 37 (1915). La création de sa cantate Le Printemps op. 20 (1902) pour baryton, chœur et orchestre, sembla susciter en Rachmaninov le désir de se consacrer davantage à la musique chorale et il chercha (en vain) un texte lui permettant de répondre à ce profond besoin. En 1907, lors d’un séjour à Rome, il reçut une lettre anonyme contenant une traduction en russe par le poète Konstantin Blamont de The Bells d’Edgar Poe – des recherches postérieures à la mort du compositeur attribuèrent cette missive à une jeune étudiante du Conservatoire de Moscou, Maria Danilova.
Le poème inspira à Rachmaninov une musique somptueuse pour trois solistes, chœur mixte et un orchestre foisonnant. Symphonie avec chœur qui ne dit pas son nom, cette vaste fresque en quatre tableaux : Allegro ma non tanto (ténor solo), Lento (soprano solo), Presto, Lento lugubre (baryton solo). Rachmaninov dirigea lui-même la création à Saint-Pétersbourg le 30 novembre 1913, recevant un accueil d’un enthousiaste indescriptible. Toutefois, le régime soviétique mit Les Cloches – et toute la musique de Rachmaninov – à l’index, punissant ainsi un musicien qui avait choisi l’exil après la Révolution d’octobre.
On peut attendre du « National » et du Chœur de Radio France à un étourdissant ruissellement de couleurs, que canalisera avec rigueur son directeur musical, Cristian Măcelaru. Trois solistes de stature internationale rendront justice au verbe d’Edgar Poe : la grande Marina Rebeka, bien sûr, mais aussi le ténor Pavel Petrov (couronné par le Concours Operalia en 2018) et le baryton Alexander Roslavets (grand verdien que se disputent les grandes scènes).

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