Philip Glass, Another Look at Harmony les 17 & 18 décembre, Cité de la musique
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Avant la création d’Einstein on the Beach (1976), Philip Glass avait élaboré des « esquisses », les différentes parties d’Another Look at Harmony dont seule la quatrième connut une existence indépendante. Léo Warynksi et ses Métaboles nous proposent de plonger dans cette musique suspendue.
Véritable séisme dans le monde musical, Einstein on the Beach n’a pas surgi du néant : fruit d’années d’exploration et d’expérimentations les plus inouïes, cet Himalaya musical (plus de 5 heures de spectacle lors de la création au Festival d’Avignon le 25 juillet 1976) intégrait également et organiquement la chorégraphie d’une Lucinda Childs dont on ne dira jamais l’importance dans la gestation de cette œuvre. Légitimement, Léo Warynski a voulu donner à son interprétation à la Cité de la musique une dimension visuelle signée par Céline Diez et Clément Debailleul.
Glass a composé Another Look at Harmony Part I, Part. II et Part III qu’il réexamina pour finalement les intégrer à Einstein on the Beach. En revanche, Part IV et sa cinquantaine de minutes prirent leur envol.
La marque distinctive de Philip Glass s’impose d’emblée dans toute son évidence et sa force. Plus que minimaliste (le compositeur admit cette classification sans l’accepter pleinement), sa musique est répétitive : c’est bien la psalmodie obstinée de motifs infinitésimaux (pas de mots, mais des onomatopées) qui génère la dilatation du temps, en une trajectoire qui pourrait sembler rectiligne s’il n’y avait ces « shifts », ces glissements, imperceptibles qui modifient le mouvement de la partition. Véritable manifeste, le début de l’œuvre rend d’emblée un hommage vibrant au Moyen Âge de l’École Notre-Dame qui, pour Glass mais aussi pour Steve Reich, constitua un antidote au conservatisme académique de ce temps.
Another Look at Harmony représente un redoutable défi pour ses interprètes : comme leur disque sous étiquette b-records l’a démontré, Les Métaboles et Léo Warynski sont à la hauteur de ce défi, avec le soutien à l’orgue de Yoann Héreau. Une soirée que ne manqueront pas les admirateurs de Philip Glass.