Isabelle Faust, violon Le 14 novembre, Théâtre des Champs-Élysées
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La grande violoniste allemande remet sur le métier ce Concerto pour violon de Beethoven qu’elle aime tant et qu’elle connaît si bien. À la tête des Siècles, Antonello Manacorda montrera sa profonde affinité avec ce répertoire.
À sa création, le 23 décembre 1806, le Concerto pour violon de Beethoven laissa le public viennois désarçonné, voire déçu. Il faut dire que le premier dédicataire, le célèbre violoniste Franz Clement, était une personnalité peu commune et prit l’initiative de « tronçonner » le concerto en jouant entre les mouvements des pièces de sa propre plume. La critique s’accorda cependant à trouver la partition éminemment intéressante dans sa singularité : aucun trait véritablement virtuose (à la même époque, Paganini brillait de tous ses feux), si ce n’était les passages dans le suraigu (c’était la grande spécialité de Clement) et un orchestre démiurge qui faisait plus que jeu égal avec son soliste. Beethoven s’épanchait ici dans une poésie sublime se souciant peu de l’ego de son soliste, avec un élan porté par un bonheur presque sans nuage. Sa partition, qui resta unique dans sa production, ne s’imposa que progressivement, pour devenir l’un des concertos les plus aimés tant du public que des musiciens.
Inutile de rappeler qu’Isabelle Faust en connaît les moindres secrets, mariant idéalement maîtrise instrumentale, capable d’une précision vif-argent comme d’une vigueur réjouissante. À ses côtés, les remarquables musiciens des Siècles seront certainement à la hauteur du défi, emmenés par Antonello Manacorda, que le public parisien connaît bien et qui, lui aussi, sait unir philologie et spontanéité interprétative – des qualités qui se déploieront aussi merveilleusement dans la Symphonie fantastique de Berlioz.