Ligeti, Requiem Le 20 novembre, Philharmonie
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Ce Requiem figure parmi les partitions les plus complexes de l’histoire, extraordinaire par sa « micro-polyphonie », terrifiante dans sa difficulté d’exécution. Esa-Pekka Salonen relèvera le défi avec l’Orchestre de Paris et le Chœur qui lui est rattaché.
György Ligeti (1923-2006) accoucha dans la douleur de ce Requiem composé entre 1963 et 1965. Renonçant à traiter l’intégralité du texte du Requiem, il « se contenta » de mettre en musique les quatre premières séquences (Introït, Kyrie, Dies Iræ et Lacrimosa). Les six minutes (et la texture à vingt voix réelles) du seul Kyrie l’accaparèrent pendant neuf mois, point d’arrivée d’une entreprise, la « micro-polyphonie », que le compositeur hongrois avait commencé à élaborer quelques années auparavant (la pièce orchestrale Atmosphères créée en 1961 à Donaueschingen). Commande de la Radio suédoise, la partition déclencha lors des répétitions un vent de panique au sein de choristes tétanisés par les intervalles effectivement écrits comme au microscope par Ligeti. Il fallut toute l’efficacité légendaire de Michael Gielen, l’un des plus grands chefs du XXe siècle disparu en 2019, pour mener à bien la création de l’œuvre le 14 mars 1965 à Stockholm. Avec son orchestre et son chœur de très grandes dimensions, ainsi que deux solistes (soprano et mezzo-soprano) soumises à rude épreuve, le chef-d’œuvre de Ligeti demeure une rareté dans les salles de concert. Il faut d’urgence découvrir ou redécouvrir cette musique d’une richesse prodigieuse, ciel crépusculaire que déchirent soudainement des éclairs de fin du monde.
L’Orchestre de Paris et le Chœur de l’Orchestre de Paris feront de fait face à un véritable Everest mais Esa-Pekka Salonen sera évidemment l’homme de la situation.