Poulenc La Voix humaine
Orchestre National de Lille. Dir. : A. Bloch. V. Gens, soprano. Poulenc.
Véronique Gens restitue le monologue déchirant d’une femme au téléphone, quittée par son amant : le texte de Cocteau, qu’Éluard trouvait trop impudique, inspire à Poulenc un opéra en un acte en forme de douloureux exutoire.
À propos de cette femme anonyme, Poulenc confia à son éditeur et ami Hervé Dugardin : « Blanche, [l’héroïne des Dialogues des carmélites] c’était moi et elle, c’est encore moi ». Soutenus par un orchestre mangé de silences, parfois sensuel, parfois sec, entrecoupés par les sonneries de xylophone du téléphone, les mots de détresse de cette femme qui se veut la plus digne possible dessinent une peine universelle. Pour Poulenc, la composition fut un exutoire à ses propres douleurs. Véronique Gens a confié avoir toujours voulu chanter et enregistrer cette pièce ; c’est maintenant chose faite avec l’Orchestre National de Lille, avec lequel elle entretient une complicité qui s’est encore renforcée avec l’arrivée d’Alexandre Bloch au pupitre.