Portraits d'artistes - Piano

Louis Lortie La passion Fauré

Louis Lortie
Pianiste franco-canadien, Louis Lortie a exploré les répertoires les plus variés tout au long de sa carrière.
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Pour les cent ans de la mort de Gabriel Fauré, Louis Lortie rend, à la Salle Gaveau, un copieux hommage au compositeur intitulé « Fauré et ses admirateurs ». Associant des œuvres du maître à celles de ses élèves et thuriféraires, c’est tout un monde et une époque que le pianiste ressuscite, avec cette maîtrise coloriste et cette virtuosité qui font sa gloire.

Louis Lortie s’est attaché depuis quelques années à la musique de Gabriel Fauré qu’il avait jusque-là laissée en jachère. Son professeur à Montréal, la pianiste Yvonne Hubert, élève de Cortot et proche de Fauré, lui avait joué des partitions du maitre français, mais il n’y avait pas prêté attention : « Je n’étais sans doute pas assez mûr pour assimiler tout ce qu’elle était capable de me transmettre, et je regrette aujourd’hui de ne pas lui avoir posé plus de questions à ce sujet. » Après avoir parcouru un répertoire à large spectre avec plus de soixante CD à son actif (chez Chandos), le pianiste est devenu un inconditionnel de cette musique si prenante : « En 2016, le succès de mon premier CD fauréen intitulé "Après un rêve" a été pour moi une surprise car je ne m’attendais même pas à ce qu’au Canada on puisse être captivé par un compositeur finalement si peu interprété en dehors du Requiem ou de l’Élégie pour violoncelle et orchestre. En Europe, je pense que seuls les Britanniques y avaient prêté intérêt. Trois ans plus tard, j’ai remis le pied à l’étrier avec un autre CD que j’ai nommé "In Paradisum", parce qu’il contient une transcription pour clavier de la dernière page du Requiem réalisée par moi-même. » Le soliste ne tarit par d’éloges sur Fauré qu’il juge d’une étonnante modernité surtout après 1905 avec les Barcarolles, les ultimes Préludes et Nocturnes : « C’est un compositeur très riche et d’une grande variété qui a pu influencer la musique américaine ; Lowell Liebermann ou Robert Helps ont été captivés par ses harmonies aventureuses bien que le résultat demeure chez eux très fleur bleue. »

À la Salle Gaveau, le programme proposé alterne des pièces de Fauré de différentes périodes et celles de compositeurs français parfois délaissés mais qui furent des proches : « J’ai voulu, à travers les Préludes op. 103, faire voisiner des pages brèves de trois à six minutes écrites par ses élèves. Certains morceaux témoignent de leur reconnaissance à son égard et, derrière les notes, transparaît parfois un message avec l’anagramme musical de son prénom Gabriel. Evidemment, la Berceuse sur le nom de Fauré de Ravel est la plus aboutie, mais l’Hommage à Fauré de Florent Schmitt mériterait d’être davantage connu par sa richesse de contenu. Il y a chez chacun d’eux beaucoup de liberté, ce qui prouve combien le pédagogue Fauré a pu leur laisser d’initiatives. J’ai aussi découvert la musique impressionniste de Louis Aubert, celle polytonale de Charles Koechlin, ou celle du breton Paul Ladmirault pleine d’invention ; je pense d’ailleurs m’y atteler davantage grâce à l’aide précieuse du Palazetto Bru Zane. »

Louis Lortie envisage de prolonger sa prospection de la musique de chambre et pour piano à quatre mains de Fauré. Il cherche aussi à sortir des sentiers battus en enregistrant des pages peu connues de Reynaldo Hahn. En juillet, le Festival LacMus qu’il a fondé en Italie sur le Lac de Côme sera consacré à Fauré.

Michel Le Naour

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