Händel Cantates amoureuses
Les Arts Florissants. Dir. : W. Christie. Avec J. Niles, S. Bar.
Lorsque le jeune Haendel de 22 ans arriva à Rome en 1707, il y trouva une ville en pleine effervescence culturelle. Nombre de cardinaux et de princes extrêmement aisés y tenaient des salons musicaux privés, ou “conversazione”, ouverts au public un jour par semaine. L’un des plus importants pour l’intelligentsia romaine était hérité de la Reine Christine de Suède, qui avait réuni autour d’elle l’élite des artistes et des écrivains du temps. Après sa mort en 1689, ce groupe prit le nom d’Académie d’Arcadie, et se voua à l’exploration d’idées nouvelles. Le Marquis Ruspoli, qui venait d’être nommé à la tête de l’Académie, demanda à Haendel qu’il avait pris sous sa protection, d’écrire une Pastorale (dans ce cas un petit opéra avec peu de protagonistes) pour servir d’œuvre centrale à leur première réunion de l’été 1708. Ainsi naquit Aminta e Fillide, représentée en Première le 14 juillet 1708, pour le cercle restreint et élitiste des membres de l’Académie, et sans doute donnée en plein air dans les Jardins Ruspoli de Rome.
Aminta e Fillide ressemble à une pastorale classique, où une nymphe rencontre un jeune campagnard – et les difficultés commencent. Mais ici, Aminta ne se contente pas d’essayer de séduire la distante Fillide avec les flatteries d’usage ; à la place, il invoque “il Dio bambin col strale suo divin”, le Christ enfant qui la percera de ses flèches d’amour divin. Ainsi la pastorale est élevée vers une réalité́ supérieure, transformée en drame religieux. La musique de Haendel, comme pour toutes ses cantates romaines, montre un jeune compositeur explorant toute l’étendue de ses moyens. Sa partition fourmille d’invention, c’est un enchaînement d’airs mémorables qu’il reprendra d’ailleurs dans ses opéras Agrippina et Rinaldo, d’écriture virtuose et brillante pour chanteurs et instrumentistes, d’orchestrations inattendues – y compris un formidable solo pour archiluth. En hommage au style romain de Corelli, Haendel crée également des effets de concerto grosso étonnants, avec des solos de violons s’opposant à l’ensemble. Il réussit à inventer tout un orchestre d’opéra avec les moyens les plus restreints, employant seulement quelques violons et une basse continue. Haendel tenait en haute estime la fraicheur de son inspiration pendant sa période romaine : ses 160 cantates profanes, quasi toutes sur un thème amoureux, furent le laboratoire dans lequel il puisa pour ses très nombreuses œuvres à venir, opéras et oratorios. William Christie vous invite donc à recréer la magie de ces soirées de l’Académie d’Arcadie, autour de cantates amoureuses données dans l’écrin sublime du Théâtre de la Reine du Petit Trianon. La soirée est évidemment articulée autour de la réception des convives dans le Pavillon Français et ses Jardins ornés de fleurs de l’été…
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