Brahms Concerto pour piano n° 1
Orchestre National de France. Dir. : C. Macelaru. D. Trifonov, piano. Bartók.
Programme somptueux pour l'Orchestre national de France et Cristian Măcelaru qui célèbrent l'opulence orchestrale du Prince de bois de Bartók. Daniil Trifonov les rejoint dans le fougueux Premier Concerto de Brahms.
Un prince tente de rejoindre la princesse dont il est tombé amoureux, mais une fée entrave sa quête. Il confectionne un pantin qu’il vêt de ses propres habits afin d’attirer l’attention de la belle, laquelle s’éprend du « prince de bois ». Touchée par le désespoir du jeune homme, la fée demande à la nature de le réconforter et lui offre de splendides vêtements. La princesse se détourne alors du pantin, mais une forêt se dresse entre elle et le prince. Après avoir ôté ses somptueux atours et coupé ses cheveux, elle obtient le droit de s’unir au héros. Tel est l’argument que Béla Balázs écrivit à l’intention de Bartók pour le ballet que lui avait commandé l’Opéra de Budapest. L’écriture trop complexe effraya la direction du théâtre et le chorégraphe Otto Zöbisch. Mais grâce à l’obstination du chef d’orchestre Egisto Tango, cette musique chatoyante, aux effluves postromantiques, remporta un triomphe lors de la première représentation.
Le Premier Concerto de Brahms découle directement des Sonates op. 1, 2, et 5 que le jeune compositeur, âgé d’une vingtaine d’années à peine, réussissait déjà dans la manière du dernier Beethoven. Robert Schumann, ébloui, entendait dans ces sonates des « symphonies voilées » et prophétisait: « Attendez qu’il ait un orchestre, il vous étonnera ! » Le concerto lui-même est contemporain de la folie, puis de la mort de Schumann, tragédie qui a profondément affecté Brahms. L’ouvrage a été projeté initialement comme une sonate à deux pianos, puis comme une symphonie ; ces aléas, ce laborieux mûrissement n’ont en rien desservi le résultat final, mais ils l’ont certainement conduit à ses dimensions impressionnantes, inédites depuis « L’Empereur » de Beethoven. Ce concerto, outrageusement sifflé lors de sa création, n’a pas manqué de s’imposer par la suite ; avec une prestance sans faille, il nous offre un panorama psychologique du jeune Brahms, ses luttes intérieures, son amour déjà éperdu pour Clara Schumann, sa peur de basculer à son tour dans la folie et toute sa détermination à ramasser ses forces, à donner le meilleur de son génie.
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