Denis Pascal, piano le 21 mai, Salle Gaveau

L’histoire des Rhapsodies hongroises remonte aux années 1839-1847, période durant laquelle Liszt découvre avec exaltation la musique tzigane. Denis Pascal nous livre ici une vision poétique et personnelle de pages incontournables.
Lorsque Franz Liszt découvre la musique tzigane, il la perçoit comme l’expression authentique du génie hongrois. Fasciné par ses rythmes et sa liberté expressive, il entreprend de composer une série de pièces pour piano réunies sous le titre Magyar Dalok – Ungarische Nationalmelodien (Mélodies nationales hongroises). C’est ce corpus initial qui inspirera ensuite les fameuses Rhapsodies hongroises. La première d’entre elles voit le jour en 1846, les suivantes en 1847, et l’ensemble des quinze premières est publié au début des années 1850. À ces œuvres initiales viendront s’ajouter quatre nouvelles rhapsodies composées bien plus tard, deux en 1882 et deux en 1885, portant le cycle à un total de dix-neuf. Si Liszt ne dispose pas des méthodes analytiques de l’ethnomusicologie – discipline encore inexistante à son époque –, il ouvre malgré tout une voie décisive dans l’exploration des musiques traditionnelles. Cette démarche pionnière préfigure celle de Béla Bartók, qui, un demi-siècle plus tard, saura allier rigueur et puissance créative pour faire dialoguer la musique savante et les traditions populaires.
Comme on pourra l’entendre à la Salle Gaveau, Denis Pascal apporte un éclairage résolument personnel à ces œuvres. Les Rhapsodies hongroises, qu’il considère comme une « véritable Bible de l’âme bohémienne », font partie de son répertoire de prédilection. Refusant une lecture trop littérale, il évite les clichés d’un folklore de surface pour en révéler plutôt la puissance évocatrice et poétique. Tout en préservant la vigueur rythmique, il souligne la poésie diffuse et les paysages imaginaires qu’elles dessinent.